En Août 2019, l’Association Hirondelle de l’Avenir de Sophie Thouvenel m’a associé à une expérience extraordinaire. Tout a commencé en Juillet 2019. Mon téléphone a sonné. C’était un mail. Quelqu’un avait rempli le formulaire de contact sur mon blog.
J’ouvre le mail et je découvre comme vous découvrez aussi en ce moment :
« Bonsoir Chanceline. Je suis Sophie Thouvenel, Fondatrice de l’association Hirondelle de l’Avenir qui œuvre au Bénin depuis 14 ans. Je me permets de vous contacter de la part de Mylène Flicka la lauréate béninoise de Women in Africa où j’étais présente à Marrakech.
J’ai pu échanger avec de nombreuses lauréates dont notre voisine togolaise qui a créé l’école de vision. En fait, dorénavant l’association Hirondelle de l’Avenir qui parraine 500 enfants sur tout le Bénin accompagne aussi nos jeunes enfants parrainés dans l’accès à une formation de leur choix ainsi que l’insertion sur le marché du travail.
Et la semaine du 19 au 24/08 nous organisons avec l’association togolaise Woman for Young Women’s un boot camp sur la vision dans le cadre de l’école de vision. Cette formation en continue sur une semaine donnera la possibilité à 20 jeunes filles entrepreneuses ou qui rêvent de faire de hautes études d’être coachées en ce sens.
Nous comptons faire intervenir des professionnels qui ont réussi dans leur domaine. Vous en êtes le parfait exemple donc si vous avez la possibilité de venir faire une intervention ce serait super ! »
Sophie Thouvenel
J’ai consulté mon agenda. Ensuite j’ai confirmé ma participation. Parce qu’il s’agissait d’un camp, de l’Ecole de Vision pour renforcer les capacités des jeunes filles. Une initiative de l’association Hirondelle de l’Avenir de Sophie Thouvenel co-organisée avec Woman for Young Women’s de Raïssa Ameko.
Hirondelle de l’Avenir aide les jeunes filles à se construire une vision.
J’ai demandé à Sophie Thouvenel :
Pourquoi avez-vous décidé ensemble avec Woman for Young Women’s d’organiser l’Ecole de Vision pour les filles au Bénin ?
Elle a répondu :
Hirondelle de l’Avenir souhaite préparer chacune de ces jeunes filles brillantes au leadership dans un monde de plus en plus complexe d’où l’idée de faire intervenir l’Ecole de Vision en leur faveur.
De la rencontre entre moi et Raïssa Ameko est née une merveilleuse idée : offrir une Ecole de Vision du 19 au 24 Août 2019 aux jeunes filles accompagnées par Hirondelle de l’Avenir depuis une dizaine d’années au Benin. Un projet qui se justifie par le fait qu’en plus de la double vulnérabilité des jeunes femmes au vue de leur faible statut (économique, juridique et social) et la difficulté d’accès en tant que jeune à l’éducation, la santé, un emploi décent et à la participation à la vie sociale, les jeunes filles et jeunes femmes pour la majorité n’ont pas de rêves ou projets de vie, elles ont du mal à s’affirmer et faire émerger le leadership qui est en elles. Parmi elles, très peu disposent de projets, ou ces projets ne sont pas en accord avec leurs personnalités, compétences et valeurs, ce qui contribue à leur échec pour la majorité.
L’Ecole de Vision proposée par Raïssa Ameko pour les jeunes filles d’Hirondelle de l’Avenir au Bénin favorise un accompagnement de ces dernières pour le développement de leurs diverses compétences et l’exploitation de leurs potentialités.
Ma discussion avec les filles bénéficiaires
Elles sont 15 jeunes filles. Elles proviennent des centres de promotion sociale, des foyers d’accueils, d’orphelinats du Bénin et du Togo avec qui travaille l’association Hirondelle de l’Avenir.
Ces participantes ont été sélectionnées grâce à leur passion et leur envie de réussir, d’être différentes, de contribuer à leur propre changement et à l’amélioration des conditions de vie dans leurs pays, m’a notifié Sophie Thouvenel.
J’ai discuté avec ces filles dans l’après-midi du 23 Août 2019 à la Maison Ifè de Cotonou. Deux thématiques ont meublé nos discussions :
- Vision et Santé (SSR) : L’influence des grossesses non désirées et MST/IST sur la vision
- Vision et Leadership : Une jeune fille pour une jeune fille
Il était question pour moi d’échanger avec les participantes sur l’influence de la santé et droits sexuels reproductifs sur la réalisation des rêves puis partager mon expérience sur le fait pour une fille d’agir pour impacter d’autres filles et sa communauté.
Pour beaucoup d’entre elles, la sexualité c’est la reproduction ou le sexe. J’ai eu à clarifier que la sexualité est un aspect central de la nature humaine présent durant toute la vie et comprend : le sexe biologique, les rôles et identités liés au genre, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction selon l’OMS.
Réalisation des rêves et santé sexuelle : Quel lien ?
J’ai souligné aux filles qu’une vie sexuelle saine et positive constitue un pilier important dans la réalisation des rêves. Pour se battre et réaliser ses rêves, il faut être en bonne santé. Or, une sexualité « non saine » et sans responsabilité peut entraîner :
- Grossesses précoces et non désirées
- IST/VIH
- Avortements clandestins et dangereux qui peuvent conduire à la mort
- Perte d’estime de soi
- Abandon scolaire
- Rejet par la famille
- Destruction des projets de vie et le maintien dans le cercle de la pauvreté
Sans un accompagnement continu, ces fléaux peuvent constituer une barrière, un obstacle pour la réalisation des rêves des filles. J’ai ajouté aux filles qu’il est important d’adopter des comportements sexuels sains pour une bonne santé sexuelle. Un accès aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive pour lutter contre les grossesses précoces, les IST/VIH et mieux gérer la pression des paires devient ainsi primordial.
« Une jeune fille pour une jeune fille »
La deuxième partie de mon intervention a été consacrée à un partage d’expérience sur mes actions avec Unicef-Bénin et Unicef-France, mon parcours et mes projets avec mon Association Jeune Filles Actrices de Développement et mon programme Académie des jeunes Filles Leaders. L’idée, c’était de susciter chez les participantes l’engouement et la volonté d’agir pour impacter d’autres filles.
L’expérience d’HIRONDELLE TALK.
Impactées, les participantes se sont engagées.
« Votre parcours m’a beaucoup touché. Chez moi, les filles ne sont pas scolarisées. Elles sont vite mariées. C’est une chance et une opportunité pour moi d’avoir échappé à certaines réalités de mon milieu afin de me battre pour mon avenir. Mais je veux aider les autres filles. Je veux m’outiller, me faire aider pour informer et sensibiliser les filles, les parents de mon village » .
Esther, participante à l’école de vision
« Moi je pense qu’il faut agir. Certains parents de chez moi sont convaincus qu’il faut marier très tôt la fille. Et même quand des personnes disent aux parents de donner encore la chance aux filles de grandir, ils n’écoutent pas vraiment. Quand ces personnes partent, les filles sont quand même données en mariage ou maltraitées. Il faut changer cela. Il faut qu’on aide ensemble des filles »
Sylvie, participante à l’école de vision.
Quand l’École de vision fait renaitre les filles !
« Je pense que le pari est réussi car entre le lundi 19 août et le dimanche 24 août, ce n’était plus les mêmes jeunes filles que celles arrivées à l’école. Il semblerait que toutes ont intégré dans leur quotidien, l’exigence d’une vision de vie comme une condition préalable essentielle pour un développement personnel, l’épanouissement ainsi qu’une vie réussie et une meilleure contribution au développement socio-économique dans leur milieu de vie. Grâce aux témoignages comme le vôtre, elles ont été inspirées et confortées dans l’idée que c’est possible pour elles aussi d’aspirer au bonheur et à une vie meilleure, la vie de leur rêve. Depuis la fin de l’école, en vue de maintenir les liens et de suivre l’après l’Ecole de Vision, je continue les échanges avec elles au téléphone. Nous travaillons également parallèlement Raïssa et moi pour un plan de suivi et la réalisation des rêves des filles étape par étape
Sophie Thouvenel
Aux racines de l’association Hirondelle de l’Avenir
Hirondelle de l’Avenir est une association née d’une rencontre, entre Romaric Tchokpon jeune béninois à l’origine du projet et Sophie Thouvenel, Parisienne et ingénieur en environnement.
La mission de Hirondelle de l’Avenir est de répondre aux besoins vitaux des enfants (santé, nutrition, eau et environnement sain), de les protéger contre toutes les formes d’exploitation et de violence, et de leur offrir une éducation de qualité́. Une démarche qui va jusqu’à l’accès à la formation et à l’insertion professionnelle en valorisant les jeunes talents de demain notamment celui des jeunes filles qui ont la capacité d’inventer un monde meilleur.
Chanceline MEVOWANOU