Le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée mène depuis quatre (04) années, une lutte sans pareille contre les mariages d’enfants et les mutilations génitales féminines. Ce sont des jeunes filles devenues aujourd’hui des références sur le continent africain et partout dans le monde en matière de l’activisme contre les violences faites aux enfants. Elles forcent l’admiration de toutes et tous de par leur ténacité, leur détermination, et surtout les résultats concluants qu’elles obtiennent.

Création du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée.

Hadja Idrissa Bah lutte depuis ses 13ans se bat pour le respect des droits des filles en République de Guinée. En 2016, elle a eu l’idée de créer le Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée. Ses objectifs étaient d’amplifier la voix des filles à travers la lutte pour la scolarisation de la jeune fille, la lutte contre les mariages précoces, l’excision, les viols, les agressions sexuelles et toutes autres formes de violences faites aux filles.

En République de Guinée comme dans beaucoup de pays du monde, l’état des lieux en ce qui concerne le respect des droits des filles est loin d’être reluisant. 22,8% des filles en République de Guinée sont déjà en union avant l’âge de 15 ans. 54,6% de filles de 18 ans ont déjà contracté le mariage (Enquête MICS 2016 ). Plus interpellant, la République de Guinée est le deuxième pays sur le plan mondial où la pratique de l’excision est présente après la Somalie (98%). Selon les statistiques des Nations Unies, 97% des filles et des femmes âgées de 15 à 49ans ont été excisées.

A cela s’ajoute le poids de la tradition. La Guinée étant un pays avec une population en majorité musulmane, les croyances et pratiques sont très ancrées.

Le Club des Jeunes Filles Leaders représente un espoir pour les filles guinéennes.

En rédigeant cette session, ma fierté était grande. 17 jeunes filles sauvées avec la complicité de la police. 17 jeunes filles qui vont pouvoir rêver d’une autre vie que celle d’une épouse précoce. Je vous l’expliquais plus haut. Le club des jeunes filles leaders de Guinée crée une vraie révolution dans les communautés. Elles motivent de véritables changements pour faire avancer les droits des filles à travers plusieurs activités telles que :

  • Les émissions radio-télé
  • Les sensibilisations, les marches, les plaidoyers
  • Les descentes dans les communautés en cas d’alerte de mariages précoces
  • Les recours à la police
  • Le rappel des lois et leur véritable application

Avec le club des jeunes filles leaders de Guinée « se taire et subir » n’est plus d’actualité.

Pendant longtemps, le silence des filles face aux injustices dont elles sont victimes a été cité et continue même d’être cité comme l’une des causes qui concourent à l’enracinement des violences. Le Club des Jeunes Filles Leaders en plus de toutes ces actions constitue une tribune de prise de parole, de libération des idées pour de nombreuses filles en République de Guinée.

Le club offre une plateforme d’échanges, un creuset de discussions pour les filles. Elles ont désormais la possibilité de prendre la parole et de dire leurs souhaits, leurs aspirations, de s’indigner et agir contre les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.

De vraies bosseuses ces jeunes filles !

Aucun doute. Je ne sais pas si c’est un casting. Quand elles prennent la parole, on sent la maitrise des sujets qu’elles abordent. On sent une culture générale, une connaissance pointue et précise des thématiques. Hadja Idrissa Bah a fait lever toute la salle le 09 mai 2019 à Paris lors du grand rassemblement des féministes au sommet Women 7.

« Cette année, toutes les filles du club qui ont été au Bac ont réussi » ont-elles publié sur Facebook en 2019. Kadiatou Konate l’une des membres a même eu une mention à cet examen national. Hadja Aïssatou Barry  membre du club à seulement 12 ans a participé au film documentaire Demain est à nous au nom du Club en tant que présidente du groupe thématique « Mariage des enfants ».

Malgré les menaces et les attaques, le club des jeunes filles leaders de Guinée reste debout

Les filles du club des jeunes filles leaders de Guinée au quotidien font face à des préjugés, des insultes, des préconçus visant à les décourager. L’exemple le plus virulent est l’intervention de Hadja Idrissa Bah sur l’émission Priorité Sante de RFI qui lui a valu des menaces et des insultes de toutes sortes sur les réseaux sociaux en 2019.

La jeune militante fut traitée avec des mots pas « très courtois » pour le fait d’avoir expliqué que certains leaders religieux brandissent le Coran pour justifier la pratique de l’excision ce qui n’est pas vrai. Nonobstant toutes ces menaces, les filles du club des jeunes filles leaders de Guinée restent fortes et engagées. Le club compte aujourd’hui plus de 500 filles et a des antennes dans plusieurs localités en Guinée.

 
Chanceline Mevowanou