Dorénavant, les mèches, les tissages, les foyers, les machines à café, les ustensiles de cuisine, les fringues, les talons aiguilles, les maquillages, les robes, les châteaux, les cils, les ongles, les bijoux, les courbes tracées, les rouges à lèvres, les lèvres pulpeuses, les poitrines bombées, les fesses rebondies…ne seront plus les seules références.

Le travail, le courage, l’effort, la participation aux décisions de la société, la création de richesses, la contribution à l’économie, la conduite de changements positifs, les familles heureuses, le leadership, la présences dans les sports et médias, l’accès aux savoirs et l’exercice du pouvoir seront aussi les références indélébiles pour adresser les filles/femmes.

C’est ce que nous prouve le livre Les femmes se rêv’elles et ce n’est pas en attendant le prince charmant de Cécile Maïchak. J’ai éprouvé un plaisir immense à dévorer (oui, je pèse bien le mot) chaque ligne de ce livre qui rencontre mes convictions au plus haut point. Pour Cécile Maïchak, l’objectif principal de ce livre est de combler l’énorme déficit de représentativité des femmes dans nos modèles de référence.

Le livre est structuré en trois grandes parties hormis l’avant-propos et les deux préfaces. La première partie est intitulée introduction contextuelle. La deuxième partie du livre, la plus grande est consacrée au portrait de douze (12) qui exercent les métiers dits d’hommes. La troisième partie est consacrée aux conclusions, pistes d’action et les remerciements.

Les femmes se rêv’elles*  : introduction contextuelle

Dans cette première partie, Cécile Maïchak a dressé un état des lieux de la situation des femmes dans le monde avec des chiffres, des exemples précis et des situations de la vie. Elle a ensuite montré comment les femmes ont durant leur existence reçu des injonctions d’être discrètes.

Selon l’autrice, compte tenu de la répartition femmes/hommes dans le monde, notamment dans les sociétés occidentales où tout semble acquis en termes d’égalité, les hommes et les femmes devraient se retrouvé.e.s  dans les secteurs d’activités de manière égale.

Cependant, le constat est loin de cet idéal. Les hommes sont en grande majorité présentés comme exemples de réussites dans presque tous les domaines. Les femmes sont moins présentées comme modèles de référence.

Cécile Maïchak dans la première partie de son livre a tenté d’expliquer cet état des lieux. Elle a fait cas d’une enquête qu’elle a réalisé auprès de 200 personnes (105 femmes et 95 hommes, toutes tranches d’âge confondues). Dans cette enquête, elle a posé la question suivante : À qui pensez-vous quand je dis…? Elle complétait la question avec un domaine d’activité.

Dans les réponses, on trouve 15% de références féminines, 80% de références masculines et 5% de Je ne sais pas. Elle a ensuite donné l’exemple d’un manuel scolaire en Belgique qu’elle a consulté. Ce manuel est titré Histoire, chronologie, des origines à nos jours. Dans cet ouvrage dit adapté aux programmes des collèges, seulement six (06) femmes sont mentionnées contre cent quarante-un (141) références hommes mentionne Cécile Maïchak dans le livre.

Elle a poursuivi son état des lieux dans le domaine des médias. En s’appuyant une étude faite en 2015 intitulée Projet mondial de monitorage des médias, Cécile Maïchak a souligné que dans les médias, une moyenne mondiale de 24% de femmes sont présentées comme personnages dans des reportages.

Une autre étude mentionnée dans cette partie énonce que le temps de parole des experts hommes est de 25 minutes contre une minute 35 pour les femmes à la télévision…toujours à la télévision, 63% des prises de paroles sont masculines selon cette même étude (Rapport image des femmes dans les médias, Michèle Reiser et Brigitte Gresy, France, 2008).

Où sont alors les femmes ? 

Elles sont là où elles ont été conditionnées pour être. Cécile Maïchak, après l’état des lieux a expliqué comment les femmes ont reçu des injonctions pour être discrètes, comment elles ont été poussées à ne pas prendre leur légitimité.

Elle a parlé du dénigrement des femmes, le fait que les femmes seraient coupables des maux de l’humanité à cause d’Ève, la privation d’éducation et du savoir, la chosification et surtout comment les stéréotypes sexistes sont soigneusement inculqués aux filles. Je vous cite ce passage de la page 29 du livre :

Une autre stratégie destinée à contenir les femmes a été de leur refuser l’accès à l’éducation et de les contraindre à limiter leur champ d’action au domaine privé : tenir la maison, prendre soin des enfants, assurer le ménage et bien sûr, s’occuper de Monsieur. Les hommes étaient bien conscients que l’émancipation des femmes serait facilitée par l’éducation. Aujourd’hui, deux tiers des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes et deux tiers des enfants non scolarisés sont des filles.

Les femmes se rêv’elles et ce n’est pas en attendant le prince charmant : portrait de 12 femmes inspirantes

  • Capitaine de l’Armée de l’air, pilote d’hélicoptère
  • Post Doctoral researcher en Sciences Biomédicales
  • Maçonne
  • Pâtissière Florale, créatrice de Cokoa
  • Poseuse de menuiseries, créatrice de Justoprix
  • Cheffe étoilée
  • Cheffe de Corps de la police locale de Sint Niklaas
  • Batteuse professionnelle
  • Vigneronne, propriétaire du domaine Piquemal
  • Sénatrice et députée wallonne
  • Judokate professionnelle
  • Capitaine des Pompier.ères de Bruxelles

Ce sont les profils des femmes qui ont fait l’objet de cette deuxième et grande partie du livre. Un portrait de chacune de ces femmes a été fait retraçant leurs histoires, leur parcours, leurs impacts et leurs projets futurs. Un récit imaginaire adapté aux enfants est associé à chaque portrait ainsi que des souhaits d’enfants. Dans ces récits, les femmes sont les héroïnes. Cécile Maïchak explique à la page 16 du livre :

Chaque de ces femmes témoins pratique un métier dit masculin, c’est à dire un métier majoritairement investi par des hommes. Les femmes qui exercent ces activités professionnelles, parfois depuis des dizaines d’années, sont bien présentes mais restent invisibles. Le livre répond à mon envie de les mettre en lumière.

À la fin de chaque portrait, une rubrique titrée Le défi de Cécile Maïchak a été proposée. L’autrice dans cette rubrique amène les lecteurs à défier le statu quo en mettant de petits challenges personnels qui pourraient aider dans nos actions au quotidien. Un exemple de défi de Cécile Maïchak : Identifiez dans vos discours, les mots qui retardent votre passage à l’action et modifiez-les.

Exemple :

  • Je vais essayer de téléphoner à la banque cette semaine.

Dites plutôt :

  • Je téléphonerai lundi matin à la banque.

La troisième et dernière partie de ce livre a été consacrée à des pistes d’actions pour aider les filles à grandir avec une pleine confiance en elles et se battre pour leurs rêves sans se poser de limites. Les propositions ont été faites dans plusieurs domaines. On peut retenir :

  • En famille : les adultes peuvent dorénavant laisser les filles exprimer leurs rêves, leurs passions, les encourager, leur parler des femmes brillantes et/ou inspirantes, leur communiquer la fierté de les voir réussir telle ou telle chose. Éviter la catégorisation des possibilités et laisser libre champ à l’imagination des enfants.
  • Dans l’enseignement : employer les supports qui présentent autant de références masculines et autant de références féminines ; éviter la catégorisation des activités suivant des principes sexistes.
  • Dans les médias : diffuser des contenus qui rendent visibles les femmes, des contenus qui ne restreignent pas les champs d’action des femmes au foyer, et surtout promouvoir des exemples de réussites féminines.
  • Au travail : intégrer les femmes dans l’organisation et la structuration du monde du travail.
  • En politique : mettre en œuvre des politiques féministes concrètes et structurelles.
  • Individuellement en tant que femmes : arrêter de véhiculer les croyances et idées préconçues qui restreignent les femmes et porte atteinte à leur légitimité.

Cécile Maïchak est une psychopédagogue et coach de vie professionnelle. Son livre Les femmes se rêv’elles et ce n’est pas en attendant le prince charmant est une inspiration, un outil pour permettre aux filles de jouir de leur totale légitimité dans ce monde. Le livre est écrit en écriture inclusive.