La masculinité positive est l’ensemble des caractéristiques et comportements propres aux hommes dépourvus de toutes formes de violences. Le concept encourage les hommes à être des partenaires et alliés des femmes. Plutôt que d’exprimer leur masculinité par la violence, les garçons et les hommes sont incités à protéger les femmes, à incarner des valeurs telles que l’humilité, le partage, l’ouverture d’esprit, le respect de l’autre. Le but de la masculinité positive n’est pas d’émasculer les garçons et les hommes.

Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes – 08 mars 2020, j’ai découvert deux initiatives portées par des hommes qui visent à déconstruire les stéréotypes sexistes et promouvoir la masculinité positive.

La campagne #JusteUneFemme

Israël Guébo est un journaliste ivoirien, consultant et expert en communication.  Il est aussi formateur, auteur, et président de l’association Génération innovante. Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, il a initié la campagne digitale #JusteUneFemme – #SimplementHumaine. Il s’agit des visuels réalisés avec de petits messages forts et significatifs qui provoquent une remise en cause des étiquettes précipitamment attribuées aux filles/femmes. Israël Guébo en illustrant la masculinité positive à travers sa campagne veut déconstruire les clichés injustement collés aux femmes dans plusieurs domaines de la vie. Il confie :   

-J’ai lancé #JusteUneFemme – #SimplementHumaine pour tout d’abord dire aux garçons/hommes de comprendre que chaque fille/femme est un être humain à part entière, avec ses défauts et ses qualités. Comme moi, comme n’importe quel autre humain d’entre nous. La fille/femme est un être humain – répétition nécessaire qui a le droit de revendiquer ce qui lui revient…sa légitimité dans l’humanité. Ensuite, pour dire aux filles/femmes que c’est à elles de déconstruire les préjugés, les stéréotypes qui se retrouvent parfois encrés en elles-mêmes. Aussi, rappeler aux filles/femmes qu’elles ne sont pas toutes seules dans ce combat. Plusieurs garçons/hommes sont de leur côté.

Israël Guébo affirme explicitement qu’il fait partie de ceux qui pensent que les filles/femmes doivent avoir et prendre toute.s leur.s place.s :

-Je crois surtout que les revendications de celles qu’on taxe (à tort et à travers) de féministes (parfois avec un sarcasme non dissimulé) sont légitimes. Elles ne sont même pas liées au statut de « femme ». Ce sont des droits humains qu’elles réclament.

Il se déguise en femme pour ressortir qu’en chaque homme sommeille une féminité

Ghislain Kodjo est web marketeur béninois résident en France, fondateur de l’agence Digitalement Parlant. Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, il s’est déguisé en femme. Plutôt novatrice comme approche avec le message qui accompagne. Ghislain Kodjo explique les raisons d’une telle initiative :

-Pour le mois des droits de la fille/femme, j’ai décidé de montrer qu’en chaque garçon/homme, il y a une belle part de féminité et que les filles/femmes sont nos égales, nos partenaires de vie et non des adversaires, des esclaves. Au-delà de l’aspect « transformation physique » de l’acte, je tiens à marteler l’importance d’encourager chaque garçon/homme à assumer sans honte sa part de féminité, car cela lui permettrait de voir la fille/femme comme partenaire.

Ghislain Kodjo ajoute que nous évoluons dans une société phallocrate où il est enseigné dès le bas-âge à tout garçon consciemment ou inconsciemment qu’un homme ne pleure pas, qu’un homme doit toujours montrer qu’il est fort, que c’est à l’homme qu’il revient de prendre soin de sa famille. Pour lui, à force de véhiculer cette conception du rôle de l’homme, la société crée parfois des hommes déséquilibrés qui pour montrer leur masculinité se disent que le mieux à faire c’est de se défouler sur les filles/femmes.

Ghislain croit fortement que les garçons/hommes sont capables de sensibilité, de bienveillance, de tendresse et du don de soi par amour. Il recommande que les garçons/hommes devraient pleurer s’ils en éprouvent le besoin, demander de l’aide à une femme quand ils sont à terre sans culpabiliser. Ainsi, ils pourront se forger une personnalité qui va leur permettre de s’épanouir au sein de la société sans sans ressentir l’envie de prouver une virilité par la violence à l’endroit des filles/femmes.

En 2020, un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement a révélé que de 30% des personnes sondées dans environ 75 pays du monde pensent qu’il est justifié qu’un mari batte sa femme. Dans beaucoup de communautés, les enfants grandissent dans l’idée que les garçons sont supérieurs aux filles. Les filles ainsi ne réalisent pas leur légitimité dans l’humanité. Elles se prennent pour des citoyennes de secondes zones. Les garçons quant à eux développent une masculinité qui s’exprime et s’affirme par la violence. La masculinité positive est l’une des solutions pour une société sans violences faites aux filles/femmes.

Chanceline MEVOWANOU